Si vous êtes déjà Professionnel.le de l’organisation en activité, vous savez que la thématique de la charge mentale est au cœur de notre métier, et ce quel que soit le domaine d’intervention dans lequel on a choisi d’intervenir.
Que ce soit en home-organising, en office-organising, en gestion du temps ou en home-management, nos interventions visent entre autres à alléger la charge mentale de nos clients.
En entreprise, par exemple, on me sollicite très souvent pour aborder la question de l’allègement de la charge mentale professionnelle.
Et pour cause, nous sommes submergés quotidiennement par un déluge de données numériques qui provoque aujourd’hui un stress sans précédent, surtout dans le monde du travail.
Le monde en surcharge informationnelle !
Aujourd’hui, la moitié de la population mondiale utilise Internet et nous échangeons 150 milliards d’emails chaque jour.
L’humanité produit désormais plus d’informations en deux jours qu’elle ne l’a fait en 2 millions d’années !
Chaque seconde, 28 millions d’informations sont diffusées sur le Web, l’équivalent du contenu de deux Bibliothèques Nationales de France, l’une des plus importantes au monde, soit 63 millions de Bibliothèques Nationales de France par an !
Le monde est littéralement en surcharge informationnelle !
Derrière la notion de charge mentale, il est avant tout question de « charge cognitive » ou, plus exactement, de « surcharge cognitive », de saturation ! Qui n’a jamais en effet ressenti cette sensation d’avoir la tête encombrée, saturée de choses à faire ?
Trop d’informations à traiter à la fois, trop de pensées, de stress, d’images, et souvent pas assez de sommeil ni de temps de déconnexion pour récupérer… Quand le cerveau est sursollicité, il risque de saturer, et tout comme le disque dur d’un ordinateur trop plein, il « rame ». C’est le trop-plein !
La saturation, ou surcharge cognitive, s’installe donc lorsque le cerveau doit faire face à plus d’informations qu’il ne peut en traiter. Il se trouve tout simplement dépassé par le volume de sollicitations qui se présentent à lui.
Vous avez dit « Infobésité » ?
On parle alors d’« Infobésité » : Information Overload ou surcharge informationnelle.
La surinformation, ressentie aujourd’hui par les 2/3 des cadres en entreprise, serait donc le fait de recevoir plus d’informations qu’il n’est possible d’en traiter sans porter préjudice à l’activité.
Un cadre reçoit effectivement un volume d’information 10 fois plus important que ce qu’il recevait il y a 15 ans et produit environ 10% de données de plus chaque année. Et il passe 30 % de son temps à gérer ses mails !
Les sollicitations sont incessantes et sont un frein à la réalisation de leurs missions.
Par ailleurs, ils passent souvent beaucoup de temps, jusqu’à parfois 50 % de leur temps de travail, en réunions et doivent compenser ce temps perdu en allongeant leur amplitude horaire, en venant plus tôt, parfois très tôt, et en partant de plus en plus tard, tout en continuant d’emporter du travail à la maison, le soir et le week-end, avec des difficultés de plus en plus importantes à déconnecter du travail et donc à recharger les batteries.
Alléger la charge mentale
On ne rentrera pas dans le détail au cours de cet épisode sur ce qu’on peut mettre en œuvre en entreprise pour éviter la surchauffe mentale mais sachez toutefois qu’il existe deux stratégies faciles à mettre en œuvre pour limiter notre charge mentale :
- Commencez par faire le tri en supprimant les informations non pertinentes ou superflues. En effet, ce n’est pas la peine de conserver des données qui ne vous intéressent pas.
- Simplifiez et surtout séquencez votre activité en la découpant en sous-objectifs qui ne nécessitent jamais de manipuler plus de 3 ou 4 informations pour être atteints.
Aujourd’hui, je voulais surtout vous parler de la charge mentale des femmes à laquelle on est confronté dans nos interventions auprès des particuliers, que ce soit en home-management bien sûr, mais aussi en home-organising, car vous le savez, et on le dit souvent ici, tout est lié, forcément !
Alors, pour le coup, c’est un sujet que je connais particulièrement bien, d’abord parce que j’accompagne essentiellement les femmes depuis plus 12 ans et que 100 % des fois, mes clientes souffraient d’une trop grande charge mentale, et aussi, vous le savez, car j’ai écrit un livre sur le sujet : « S.O.S. Charge mentale, J’allège mon quotidien, S’organiser, Répartir les tâches, Lâcher prise », paru chez Larousse en 2019.
Même en cas de partage parfaitement équitable des tâches dans le couple, la femme reste dans la grande majorité des cas « l’ordinateur familial ». C’est elle, le plus souvent, qui continue à porter toute la charge mentale de l’organisation familiale.
Mais comment définir cette charge mentale ?
La charge mentale est le fait de devoir penser à un autre domaine en plus de celui dans lequel on se trouve physiquement. A l’exception des couples résolument avant-gardistes, ou inspirés de certains modèles étrangers, c’est principalement sur les femmes que retombe l’anticipation constante de toutes les tâches inhérentes à la gestion d’une famille et bien souvent menées en parallèle de leurs obligations familiales.
Dans nos sociétés encore non égalitaires, les hommes sont moins touchés par le coût psychologique de la charge du foyer, sauf s’ils s’en trouvent complètement responsables
La désormais célèbre « charge mentale », popularisée ces dernières années par la bande dessinée virale de l’illustratrice Emma, Fallait demander!, et reprise par la totalité ou presque des grands médias nationaux qui semblaient découvrir le concept, a pourtant été théorisé par les sociologues dès les années 80 !
La Charge mentale, c’est un concept qui ne date pas d’hier !
En 1984, bien avant « Fallait demander ! », la sociologue française Monique Haicault décrit déjà le principe de la charge mentale dans son article La Gestion ordinaire de la vie en deux.
Elle y évoque comment l’esprit d’une femme en couple et active professionnellement demeure préoccupé, non seulement par les exigences professionnelles, mais aussi par les tâches ménagères et la gestion du foyer, ce qui lui impose une charge cognitive de tous les instants.
Insistant sur l’articulation de la « double journée » que mène celle-ci, la sociologue met en avant le fait que la charge « travail + foyer » ne se limite pas à une simple addition de contraintes, car la personne concernée emporte en général au travail une partie des tâches à gérer pour le foyer, et vice versa (par exemple quand il faut finir de préparer, chez soi, la réunion du lendemain).
Monique Haicault nomme alors ce concept « charge mentale ménagère ».
Dans les années 1990, la sociologue française Danièle Kergoat, spécialiste de la division sexuelle au travail, se penche de son côté sur les revendications des mouvements des infirmières. L’une de leurs demandes est alors que leur travail soit reconnu comme une activité qualifiée, au même titre que n’importe quelle profession, et non comme un prolongement de leurs supposés attributs de femmes.
En effet, les infirmières ont quand même une formation et un salaire. Et en analysant davantage les spécificités du travail dit féminin, Danièle Kergoat utilise elle aussi la notion de « charge mentale ».
En 1998, c’est au tour de la sociologue américaine Susan Walzer de publier un article présentant les résultats de son étude intitulée Thinking about the baby (Réflexions autour du bébé).
Après avoir interrogé 23 couples devenus parents au cours des douze derniers mois, elle en déduit que ce sont souvent les femmes qui gèrent davantage de charge mentale, émotionnelle et intellectuelle, liée à l’éducation des enfants et à la tenue du foyer.
Elle constate que celles-ci s’inquiètent, organisent et gèrent plus que leur compagnon. Même lorsque les tâches domestiques sont équitablement réparties avec le père, ce sont tout de même elles qui commencent par établir la liste de choses à faire.
Le partage des tâches ménagères reste, encore aujourd’hui, l’une des démonstrations les plus flagrantes des inégalités hommes-femmes dans notre société.
Des inégalités qui persistent…
Inscrite au sein même des foyers, cette inégalité n’a que très peu diminué au cours des 25 dernières années.
Selon l’INSEE, en 2010, les femmes prenaient en charge 64 % des tâches domestiques et 71 % des tâches parentales.
En 1985, ces taux s’élevaient respectivement à 69 % et 80 %. Donc en 25 ans, l’écart entre hommes et femmes s’est réduit, certes, mais pour l’essentiel du fait de la diminution du temps passé par les femmes aux tâches domestiques, et non d’une augmentation de la participation masculine.
Les activités concernées sont surtout ménagères : ménage, cuisine, linge et courses – les femmes ayant trouvé des moyens d’y passer moins de temps (emploi de personnel, course en ligne, etc.).
Cependant, l’inégalité du partage des tâches continue d’être d’autant plus forte que les ménages comptent d’enfants. Il est vrai que les pères passent plus de temps à s’occuper de leurs enfants depuis dix ans, mais les femmes aussi, si bien que les différences restent inchangées.
En général, on n’apprécie guère de réaliser certaines activités, et plus on les considère comme des corvées, plus ce sont les femmes qui s’en occupent.
Bon, une fois qu’on a dit ça, qu’est-ce qu’on fait ?
Et bien vous saurez tout dans un prochain article ! Vous avez vu le teasing, pour vous fidéliser et vous donner envie de continuer à nous lire 😉
Dans un prochain article, donc, je vous expliquerai en détail comment on peut faire très concrètement pour accompagner une problématique de charge mentale au cours d’une intervention en home-management.
Alors, comme on dit, restez connecté.es !
Très bon week-end à vous et à très bientôt, sur le blog ou le Podcast Radio P.O !
Diane Ballonad Rolland
Ressources en lien avec l’épisode :
- S.O.S. Charge mentale, J’allège mon quotidien !, Diane Ballonad Rolland, 2019, Larousse
- La Gestion ordinaire de la vie en deux, Monique Haicault, 1984
- Thinking about the baby, Susan Walzer, 1998
- Fallait demander, Emma, 2017
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