Je me réjouis, vraiment, de vous retrouver pour un tout nouvel article !
J’avais prévu de vous parler aujourd’hui de la 6ème JAPO, Journée Annuelle des Professionnels de l’Organisation (organisée par la FFPO), qui a eu lieu mardi dernier et durant laquelle j’ai eu la joie d’intervenir pour parler formation.
Mais j’ai pris la décision de décaler ce sujet à la semaine prochaine car je ne pouvais pas ne pas vous parler de la bombe qui a secoué le petit monde de l’organisation cette semaine !
Vous n’avez certainement pas pu échapper à l’info, même les grands médias l’ont massivement relayé : Marie Kondo, que je ne vais pas vous présenter ici, la papesse du rangement, le gourou de l’organisation, qui prône le rangement et le pliage à la verticale depuis 2011, qui a fait des émules dans le monde entier (est-il nécessaire de rappeler ici que son best-seller La magie du rangement s’est vendu à plus de 8 millions d’exemplaires à travers la planète), a reconnu dans une interview donnée dans le Washington Post le 26 janvier dernier que sa maison n’était plus aussi bien rangée qu’avant et qu’elle acceptait désormais de lâcher-prise pour profiter davantage de la vie.
La cause de ce revirement inattendu : un agenda de ministre pendant 10 ans qui a fini par l’épuiser (normal) et puis, surtout, surtout… je vous le donne dans le mille : 3 enfants, dont le petit dernier est né en 2021, en pleine pandémie.
Marie Kondo « Jongleuse du quotidien » à son tour
Et c’est plutôt une bonne nouvelle de savoir que même la papesse du rangement reconnait, du haut de ses 38 ans, que viser la perfection, surtout quand on a des enfants, n’est ni possible, ni souhaitable.
Viser la perfection, surtout quand on a des enfants, n’est ni possible, ni souhaitable.
Diane Ballonad Rolland
Marie Kondo s’est confrontée de plein fouet à la réalité du quotidien de milliards de femmes qui à travers le monde travaillent et élèvent des enfants, ou travaillent et n’ont pas d’enfants, ou encore ont des enfants et ont fait le choix de rester au foyer. Bref, tout concilier, c’est difficile, c’est fatigant, et on fait juste le plus souvent… ce qu’on peut, et c’est déjà pas mal !
Marie Kondo rentre elle aussi dans la grande famille de celles que j’appelle depuis des années déjà « Les Jongleuses du quotidien », c’est même l’une de nos marques déposées à l’INPI, c’est pour vous dire combien ce sujet nous parle, et depuis longtemps et dont je vous partage le portrait dans les ressources tout en bas de cet article si ça vous intéresse !
Marie Kondo’s Kurashi at Home : le nouveau livre de Marie Kondo
Bon, ne soyons toutefois pas dupes, derrière ce repentir, se cache aussi une stratégie marketing bien rodée puisqu’elle a publié en novembre 2022 aux États-Unis un tout nouveau livre encore non traduit en français et intitulé Marie Kondo’s Kurashi at Home : How to Organize Your Space and Achieve Your Ideal Life (Comment organiser votre espace et atteindre votre vie idéale). Donc Marie Kondo souhaite aussi, à travers ce nouveau livre, imposer une toute nouvelle méthode, le « Kurashi » qui loue le lâcher-prise et l’instant présent, et surtout investir le champ du home-management et de l’organisation familiale, et cela ne pouvait donc que passer par le partage de son expérience personnelle, de son vécu en tant que femme et en tant que mère.
Mais ça nous donne l’occasion de notre côté de rappeler, et on ne le redira jamais assez à Temps et Equilibre mais aussi au sein de l’Académie des Pros de l’organisation auprès de nos stagiaires futures PO que l’organisation, et a fortiori le rangement, qui n’est que la face émergée de l’iceberg du home-organising (après les phases de tri, de désencombrement et d’optimisation des espaces de vie), n’est qu’un moyen, et surtout pas une fin en soi.
L’organisation vue comme un moyen et non une fin en soi !
Allez, pour l’occasion, je vais le redire cette fois encore ici (clin d’œil à notre certifiée Sandra Martra, fondatrice de Organizen Co, qui m’a citée sur ce point précisément dans un post LinkedIn mercredi dernier) :
« Bien s’organiser, au travail comme à la maison, ça n’est pas une fin en soi. C’est un moyen !
Diane Ballonad Rolland
S’organiser uniquement pour le plaisir d’être organisé.e ne présente aucun intérêt. On se fait plaisir, d’accord, on s’extasie et on se dit « Chouette, qu’est-ce que je suis bien organisé.e! ». Et après ?
L’organisation, c’est donc avant tout un moyen. Un moyen de vous simplifier la vie, de faciliter votre quotidien, de mettre de la fluidité dans vos journées.
C’est également un moyen, évidemment, d’atteindre vos objectifs et d’accomplir votre mission, tout en préservant autant que possible votre énergie, et votre équilibre.
Car une bonne organisation est avant tout une organisation qui sait se faire oublier : on dit souvent d’ailleurs que trop d’organisation tue l’organisation, et c’est assurément vrai !
Et ça, c’est valable aussi, et plus que jamais, à la maison !
J’ai toujours dans mes ateliers un ou deux participants qui me certifient qu’ils ne sont pas du tout « organisés de nature » (naît-on organisé.e ?) et que pour eux, s’organiser équivaut à tout cadenasser, à tout cadrer, à mettre leur vie sous contrôle.
Or, c’est tout le contraire : c’est justement le fait de vous organiser (point trop n’en faut) qui va vous procurer une vraie et palpable liberté !
Alors, c’est quoi une « bonne » organisation ?
Une bonne organisation, c’est donc avant tout :
1. Une organisation unique, qui vous convient et qui vous ressemble !
Il n’existe pas deux organisations identiques parce que chaque foyer est unique.
La meilleure organisation, c’est la vôtre, celle que vous choisirez de mettre en place et d’adapter à la composition de votre foyer, à vos emplois du temps respectifs, à vos contraintes, à vos marges de manœuvre, à vos moyens financiers ainsi qu’à vos priorités et objectifs.
C’est pour cette raison qu’il est très difficile, voire impossible, de donner des réponses toutes faites en matière d’organisation personnelle et familiale, et donc de home-management, car il n’existe pas, tant en matière d’organisation qu’en gestion du temps, de recettes miracles !
2. Une organisation simple et facile à mettre en oeuvre
Les outils et les méthodes que vous choisirez d’utiliser devront prioritairement être simples et devront se fondre dans votre quotidien professionnel.
3. Une organisation qui répond enfin à des objectifs précis que vous aurez pris le temps de définir en amont : « mieux m’organiser, pour quoi faire ? »
4. Une organisation joyeuse, ludique et positive…
Autre point important : je défends l’idée, depuis plus de 12 ans, et notamment à travers mon ancien blog Zen & Organisée, qui avait réuni plus de 2,5 millions de lectrices, pour la plupart des mères actives, d’une organisation joyeuse, ludique et positive !
Les personnes avec lesquelles je travaille savent que je ne suis pas une adepte de l’organisation et de la gestion du temps conventionnelles, telles qu’on les concevait dans les années 80 et qu’on les conçoit encore trop souvent : rigides, contraignantes, tristes, intenables, synonymes de contrôle et de discipline.
5. Et respectueuse de l’écologie de la personne, de ses besoins et de son rythme
Au contraire, je milite depuis des années pour une autre conception de l’organisation, plus efficace et viable dans la durée, mais surtout, respectueuse de l’écologie de la personne, de ses besoins et de son rythme :
Une organisation slow, drôle, créative, pétillante, décomplexée, joyeuse, bienveillante, douce, et résolument positive !
De la responsabilité à la co-responsabilité du foyer !
En changeant votre regard sur la façon de vous organiser à la maison, et plus globalement au quotidien, en choisissant d’en faire avant tout une affaire « collective », qui concerne – et implique – chacun des membres de votre famille, vous déplacerez progressivement le poids de cette fameuse charge mentale pour mieux la répartir et la partager avec votre couple (et au-delà).
Dès 2014, dans mon atelier en ligne « On s’organise à la maison ! », qui a accueilli un très grand nombre de participantes, j’ai toujours prôné une vision participative et libératrice pour la femme de l’organisation à la maison, et plus concrètement, de la façon dont on peut passer de la responsabilité à la co-responsabilité du foyer…
Et pour cause ! L’organisation du foyer concerne tout le monde. L’entretien de la maison dans laquelle vous vivez tous et que vous contribuez donc tous à salir est l’affaire de tous les membres de la famille et à aucun moment celui de la femme seule, comme on le voit encore trop souvent.
Il s’agit donc d’une « affaire collective » qui se gère de manière… collective !
Un peu de mathématique… et de bon sens !
Compte-tenu de la charge de travail que représente l’entretien d’une maison, et plus globalement l’organisation logistique du foyer (les RDV à caler, les plannings à faire coïncider, etc.), cette charge reposera à 100 % sur vos épaules (et dans votre agenda) si vous êtes seule à vous en occuper.
Elle sera divisée par 2 en cas de partage parfaitement équitable. Elle pourra même être divisée par 3, 4 ou 5 en fonction de l’implication de tous les membres de la famille.
Et dans mon livre « S.O.S. Charge mentale », dont le sous-titre est, pour mémoire, « J’allège mon quotidien » et qui s’organise autour de 3 thèmes : S’organiser – Répartir les tâches – Lâcher prise, j’y résume également ma vision du home-management et donc de l’organisation familiale et du quotidien.
Une organisation ancrée dans la réalité du quotidien…
Dans le chapitre intitulé « Je partage les responsabilités du foyer », j’y souligne que nous entretenons inconsciemment une vision de l’organisation digne des publicités et du cinéma.
Vous savez, celle des familles où tout roule, où tout semble facile, où tout le monde a le sourire et est de bonne humeur ( « l’ami Ricoré » …). Mais cette vision, qui frise la perfection, est-elle réaliste… et souhaitée ? Correspond-elle à une réalité ? Et est-ce vraiment ce dont vous rêvez ?
La réponse est probablement non, bien sûr. Et c’est tant mieux !
Comme je dis toujours, en référence à mon ancien blog :
« Zen et organisée, oui mais pas tous les jours ! ».
Pourquoi ?
Car dans la vraie vie, on doit aussi composer avec :
- la fatigue,
- le manque d’énergie (qui nous conduit, parfois avec raison, à procrastiner),
- le manque de temps (difficile de tout faire en un court week-end !),
- notre propre perfectionnisme,
- le manque de coopération des autres membres du foyer,
- etc.
… et SATISFAISANTE, non idéale !
Je vous invite à vous livrer à un petit exercice et à vous projeter en imaginant ce qui pour vous, votre couple et vos enfants, constituerait une organisation satisfaisante à la maison.
Je parle bien de « satisfaisante » et non d’« idéale », car dans la vraie vie, la perfection n’existe pas et plus nous mettrons de côté nos ambitions de perfection, mieux nous nous porterons !
A vous donc d’imaginer le plus précisément possible ce qui, pour vous, pourrait représenter une « bonne » organisation, une organisation « qui roule », qui fonctionne bien et sur laquelle vous pourrez vous reposer.
Une maison qui vit
Et pour conclure, je dirais cette fois encore qu’une maison avec des enfants (et même sans enfants), ça vit ! Ca fait du bruit ! Tout n’est pas toujours parfait et c’est tant mieux !
Et vous, est-ce que vous rêvez réellement de ces maisons où tout est (trop) à sa place et où rien ne bouge jamais, comme dans les magazines ou les séries américaines comme Desperate Housewives ? Je suis prête à parier que non, là encore.
Définissez une bonne fois pour toute une organisation qui vous facilite la vie, puis… maintenez ou ajustez, oubliez et profitez ! Vous aurez le temps de vous reposer et de vivre dans le calme et le silence quand vous serez morts…
Le syndrome du nid vide
Saviez-vous pour finir qu’environ 35 % des parents, en majorité des mères, souffrent de ce qu’on appelle « le syndrome du nid vide ». Une forme de dépression qui se traduit par un sentiment d’abandon et de vacuité quand les enfants quittent le domicile familial. Leur départ est en effet un mélange de joie, de bonheur, de fierté, mais aussi de tristesse. C’est également une forme de déchirement et de renoncement.
Ceci pour vous rappeler, si besoin en était, que les instants partagés en famille, aussi difficiles soient-ils parfois, sont des instants hautement précieux et uniques que nous regretterons peut-être un peu, plus tard, quand nos enfants seront grands…
Les rires de nos enfants, l’humour de notre conjoint (si, j’en suis sûre !), les fous-rires collectifs, les jouets un peu partout, les dessins sur nos murs ou nos portes (cela a bien dû vous arriver au moins une fois… Sinon, ça viendra !), les râleries de votre ado (Ah…), les films que nous adorons voir et revoir en famille, nos séries doudous, etc.
Le mot de la fin pour Marie 🤍
Je terminerai par une phrase que j’adresserai avec beaucoup de sincérité et bienveillance à Marie Kondo, car il ne s’agit pas non plus de jeter le bébé avec l’eau du bain et je lui reste infiniment reconnaissante de tout ce qu’elle a apporté dans le monde entier aux métiers de l’organisation, et en particulier au home-organising :
« Marie, bienvenue parmi les jongleuses du quotidien ! Bienvenue parmi nous !».
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